Page n°189 – Edito – Sous les pavés les livres

Page 189 Edito

Cinquante ans déjà qu’une main inspirée écrivait ces mots un jour de mai 1968 : « on ne peut plus dormir tranquille lorsqu’on a une fois ouvert les yeux ». Tandis que s’épanouissaient d’inédites envies de liberté, un vent frais soufflait sur la France. Page se fait l’écho de cette commémoration dans ce deuxième numéro de 2018 grâce notamment au livre de Ludivine Bantigny et à la BD de Rotman et Vassant : quel plus beau thème que celui de l’action collective pour une revue collaborative qui fête, elle aussi, son anniversaire cette année ! En trente ans d’existence, Page n’a pas pris une ride et reste aussi alerte que les libraires qui l’animent avec passion, se donnant pour mission, numéro après numéro, de garder les yeux grands ouverts sur le monde. Intranquilles nous sommes donc, vous et moi aujourd’hui, foulant le sol de la jeune librairie comtoise où je travaille ou parcourant ces lignes et trouvant sans cesse au fil de nos lectures de nouvelles expressions de ce vent de liberté qui souffla un jour et ne s’arrêta plus. À la rencontre des auteurs et de leurs œuvres, de Dolores Redondo, de Philippe Claudel ou de Fabrice Colin, le libraire se fait passeur d’idées, intermédiaire actif entre ceux qui s’expriment et ceux qui reçoivent, tous bénéficiant de cette liberté chèrement et collectivement acquise. Et si ces livres si différents les uns des autres se croisaient soudain et dialoguaient à la faveur de l’imagination ? Regardez donc les sélections concoctées par les libraires qui rendent cela possible dans ces pages. La permission est dorénavant accordée d’écrire et d’inventer, de confronter et de rassembler, les histoires et leurs protagonistes n’évitant aucun sujet : voyez plutôt le spectacle de cette extraordinaire diversité sur les Quais du Polar, festival auquel ce numéro printanier rend un traditionnel hommage. En ouverture de ce numéro vous trouverez ainsi Dominique Sylvain, Patrick Pécherot, Camille Grebe, Jorn Lier Horst et tant d’autres, leurs livres ici évoqués confirmant qu’en matière d’écriture il n’y a désormais qu’une seule règle : il est interdit d’interdire ! La littérature policière a gagné ses lettres de noblesse, elle n’a pas de frontières et ne connaît plus de tabous. Alors puisque la possibilité nous en est offerte à présent et qu’il nous suffit de suivre le guide : lisons ! Lisons sans entraves et sans hésiter portons l’imagination au pouvoir !